Les créateurs de produits légers ont introduit dans nos supermarchés des produits contenant des protéines supplémentaires. Depuis quelque temps, il semble que si un aliment (yaourt, biscuit, lait, crème anglaise…) ne contient pas un supplément de ce macronutriment, il est moins bon que sa version originale. Toutefois, la question est de savoir si cet ajout est réellement sain et nécessaire, ou s’il s’agit d’un ingrédient inepte, voire nuisible à la santé. En résumé, s’agit-il d’une simple allégation publicitaire de l’industrie alimentaire ou est-il possible que les yaourts, fromages, laits, barres, etc. contenant une dose supplémentaire de protéines soient meilleurs que ceux qui n’en contiennent pas ?
Des produits chargés de raisons
Ce ne sont pas seulement les aliments à forte teneur en protéines qui ont été créés, mais aussi les régimes hyperprotéinés. Il s’agit de formules de régime dont l’apport en protéines dépasse la quantité journalière recommandée (0,8 g/kg/jour, selon l’OMS) et dont le succès public s’explique par « l’hypothèse selon laquelle la consommation d’une teneur plus élevée en protéines préserve la masse musculaire, aide à maintenir la satiété et, par conséquent, à perdre plus de poids », explique une spécialiste. Ces résultats, en principe, sont basés sur le fait que « la digestion d’aliments riches en protéines entraîne une plus grande dépense énergétique que les autres nutriments et procure une plus grande satiété, favorisant la réduction de l’accumulation de graisses », explique l’expert.
Cependant, s’il est vrai que les aliments riches en protéines sont plus rassasiants, ce qui est parfait pour un régime amincissant, il est également vrai qu' »il n’y a pas de preuve scientifique actuelle que ce type de régime est plus efficace que les autres types de régimes et que la perte de poids est maintenue à long terme », prévient le spécialiste.
Plus n’est pas toujours mieux
Tout semble indiquer que les protéines supplémentaires contenues dans les régimes hyperprotéinés et les produits avec cet ajout ne sont pas nécessaires pour la santé. En fait, cela pourrait même être nuisible à long terme. « Les régimes hyperprotéinés pourraient provoquer des altérations du métabolisme de l’eau et des électrolytes, du métabolisme osseux, de la fonction rénale et de la fonction endocrinienne », avertit l’expert, qui assure que « ce régime ne serait pas conseillé aux personnes souffrant de maladies rénales ou hépatiques et qu’un bon contrôle professionnel est recommandé pour son utilisation chez les personnes en surpoids et obèses, un déficit calorique et une bonne adhésion au plan de régime étant fondamentaux ».
L’OCU, qui a mis en garde à plusieurs reprises contre le fait que l’achat de ces aliments ne sert qu’à augmenter le prix d’achat et à faire croire à tort que l’on consomme un aliment sain ou amaigrissant.
Des protéines, oui… Mais animal ou végétal ?
Outre les effets supposés de la « piqûre » de protéines que procurent les produits enrichis, ou la question de savoir si les régimes hyperprotéinés sont une réclame publicitaire dépourvue d’argument nutritionnel sain, une autre question intéressante serait celle de l’évaluation des protéines animales et végétales. Les unes sont-elles meilleures que les autres pour la santé ? Faut-il privilégier les œufs et la viande plutôt que les pois chiches ou le soja ? « Les protéines sont constituées de chaînes d’acides aminés et ont des fonctions importantes dans notre organisme : formation de la structure des tissus, fonction hormonale, fonction enzymatique, etc. », résume la spécialiste. Elle poursuit : « Parmi ces acides aminés, les protéines animales contiennent tous les acides aminés dits essentiels, c’est-à-dire ceux que notre organisme est incapable de synthétiser, et sont donc considérées comme des protéines de haute valeur biologique. Cependant, aucune preuve scientifique actuelle ne permet de conclure que les protéines d’origine animale favorisent davantage la prise de masse musculaire que les protéines d’origine végétale, qui sont par ailleurs sûres et sont absorbées dans le sang avec une bonne efficacité ».
Sans faire de distinction entre protéines animales et végétales, de nombreuses études, ont conclu que l’augmentation de l’apport en protéines au-delà des quantités recommandées n’améliorait pas la croissance musculaire après un entraînement de force chez des adultes d’âge moyen, une conclusion qui corrobore l’affirmation du médecin.
De plus, il semble que même en suivant un régime extrême comme le régime végétalien, qui exclut tous les aliments d’origine animale, il est possible d’avoir une alimentation parfaitement saine, c’est-à-dire comprenant tous les nutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. Toutefois, comme le suggère le médecin, ce sera le cas tant que le régime « est contrôlé par un professionnel de la nutrition et que les aliments consommés contiennent les différents acides aminés essentiels au bon fonctionnement de l’organisme ».