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Analyse de la pièce de théâtre « La Cerisaie » d’Anton Tchekhov

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La pièce de théatre « La Cerisaie », comédie en trois actes, a été créée par Anton Tchekhov durant l’année 1904.

Extraits des analyses de la pièce effectuées lors de la gestation du projet scénographique:

Intrication du rapport au temps et au lieu dans La Cerisaie

La pièce joue sur une tension entre le passé et l’avenir dans le lieu présent : on y voit l’incarnation de la mémoire dans les lieux, et, à l’opposé, la projection du futur. Le lieu présent est comme recouvert d’un calque, pour les propriétaires Lioubov et Leonid, calque du passé, de leur enfance, de leurs souvenirs. Ce filtre fait voir à la première un cerisier comme leur mère défunte, et au deuxième une vieille armoire comme l’incarnation de la dignité de la noblesse. Ils ne peuvent envisager le domaine comme un terrain bientôt à vendre, pour lequel il faut se battre. Celui qui se bat réellement pour le domaine, c’est Lopakhine, le marchand, qui a conscience de l’échéance de la vente et ne veut pas le laisser dans les mains du millionnaire Dériganov. Lui est dans le présent, ou plutôt dans l’avenir proche, car en vérité du temps présent il ne profite jamais totalement, étant déjà happé mentalement par ce qui va suivre et le nombre de minutes qui l’en sépare encore: il regarde sans arrêt sa montre et doit toujours s’affairer pour un rendez-vous. Mais surtout, c’est dans la spéculation que Lopakhine s’approprie la cerisaie, c’est en y projetant un plan de promotion immobilière, il voit le futur du lieu.

Donnée historique et géographique

Lopakhine vit le temps et l’espace moderne : à plusieurs reprises il doit aller à Kharkov (la grande ville de la région, actuelle Ukraine). Il parcourt de grandes distances, rythmées par les horaires des trains, l’horlogerie, la mécanique. Le développement du chemin de fer en Russie connait un très fort essor justement dans les années précédent l’écriture de La Cerisaie, entre 1893 et 1900, et ce n’est pas un hasard si justement le domaine se trouve depuis peu relié par le chemin de fer, alors qu’on apprend qu’auparavant il était isolé à plus de vingt kilomètres de la ville. Cette nouvelle donnée historique et géographique réduit le temps, réduit la distance, mais impose un temps découpé à la minute, une carte du cadastre plus morcelée. L’arrivée des chiffres. Dans la bouche de Lopakhine une portion de terre est liée à un revenu par an, et n’en semble pas dissociable.

Retrouvez ce projet sur www.jbnee.com, ( « scénographie »> »La Cerisaie »)
Ce site permet de découvrir le travail plastique de Jean-Baptiste Née, scénographe diplômé des Arts-Décoratifs de Paris. Il est composé de trois sections. La première d’entre-elles concerne ses projets scénographiques, relevant autant de la scénographie de théâtre que de cinéma ou d’exposition, ainsi que d’installations à part entière. La seconde s’attache à son travail pictural, et se subdivise en travaux à l’aquarelle, à l’huile sur papier et à l’huile sur toile. La dernière section regroupe les dessins, répartis en deux groupes établis selon le motif auquel ils s’attachent :  arbres et montagnes.