Le bruit est le deuxième facteur de pollution le plus nuisible en Europe, notamment celui généré par le trafic dans les villes.
La population est de plus en plus concentrée dans les grandes villes et de moins en moins dans les petites municipalités et les villages. Il s’agit d’un phénomène mondial dont notre pays n’est pas exempt. En fait, elle a ici son propre nom : la France dépeuplée. Outre les problèmes socio-économiques qu’elle entraîne, elle laisse également des conséquences sur la santé car plus les agglomérations urbaines sont grandes, plus les taux de pollution sont élevés. Parmi eux, la pollution sonore caractérisée par trop de bruit dans les grandes villes.
En Europe, une personne sur cinq est exposée chaque jour à des niveaux de bruit nuisibles à sa santé. C’est ce qu’indique un rapport intitulé « Le bruit en Europe », préparé par l’Agence Européenne de l’Environnement (EEA) et publié en mars. L’Union Européenne indique que 55 dB (décibels) est le seuil de bruit à ne pas dépasser pendant une longue période pour éviter de subir ses dommages.
Le trafic urbain, principale source de pollution sonore
Selon le document de l’EEA, au moins 113 millions de personnes – dans toute la zone UE – souffrent de niveaux de bruit supérieurs à ce seuil en raison du trafic dans les villes, tandis que 22 millions de personnes souffrent des chemins de fer et quatre autres millions des avions. Le chiffre est nettement inférieur (moins d’un million) lorsqu’il s’agit du bruit des usines et des industries.
Sur le continent, le bruit est le deuxième facteur de stress environnemental le plus dommageable, après la pollution atmosphérique par les particules fines. Deux français sur trois déclarent que la pollution sonore affecte leur vie de manière significative. (Source sur le site tns-sofres.com)
Bien que l’on pense souvent que les conséquences négatives du bruit ne concernent que l’oreille, la vérité est qu’elles ont une portée bien plus grande. L’exposition prolongée à des volumes sonores élevés peut entraîner une perte d’audition, partielle ou totale. Mais l’EEA estime également que le bruit ambiant en France provoque chaque année des centaines de décès prématurés.
Problèmes auditifs dus au bruit
Les experts dans le domaine de l’oto-rhino-laryngologie expliquent que la perte auditive causée par le bruit peut être de deux types. D’une part, un traumatisme acoustique aigu peut se produire lorsqu’on est confronté à un son intense et impulsif, comme une explosion. D’autre part, le traumatisme acoustique chronique qui se développe progressivement par une exposition continue à des sons forts. Dans les deux cas, le dommage peut être irréversible.
Selon les experts toujours, une personne qui est exposée à 80 dB ou plus pendant au moins huit heures par jour doit porter une protection auditive pour éviter les dommages. Et 80-85 dB est le bruit causé par la circulation urbaine. Dans une discothèque ou pendant un concert, le volume sonore atteint 110-120 dB, une exposition qui, pour ne pas être nocive, ne doit pas durer plus d’une minute.
Le cœur souffre aussi du bruit
Cependant, comme nous l’avons déjà mentionné, un bruit excessif a de nombreuses conséquences qui vont au-delà de l’audition. L’un des plus importants est le risque accru de crise cardiaque. De nombreuses études ont montré un lien entre les deux.
En 2012, des scientifiques danois ont conclu que les risques de subir une crise cardiaque augmentaient considérablement plus lorsque l’exposition au bruit du trafic urbain est élevée. Plus précisément, à partir de données provenant de plus de 57 000 personnes, ils ont estimé que le risque augmente de 12 % pour chaque augmentation de 10 dB du bruit de la rue.
En revanche, au début de cette année, des chercheurs de l’université de Harvard, aux États-Unis, ont publié les résultats d’un travail dans lequel ils mentionnent un pourcentage plus élevé : le risque de subir « des crises cardiaques, des infarctus et autres problèmes coronariens graves » augmentait de 34% pour chaque 5 dB de plus de pollution sonore.
Les scientifiques de Harvard ont également observé que l’exposition à des niveaux de bruit élevés est associée à une activité accrue dans l’amygdale, une zone du cerveau impliquée dans les processus de stress, de peur et d’anxiété. L’apparition de ces sensations est un autre effet du fait d’être soumis à un bruit intense ainsi que de l’irritabilité, une plus grande tendance aux attitudes agressives, des symptômes dépressifs, des problèmes de concentration et des performances scolaires et professionnelles plus faibles.
Digestion, sommeil et autres processus perturbés par le bruit
D’autres études ont également mis en évidence d’autres effets négatifs du bruit excessif. On a observé une diminution du péristaltisme, c’est-à-dire des contractions musculaires par lesquelles les aliments ingérés passent dans le système digestif. En conséquence, des problèmes tels que la gastrite, la colite, les ulcères, les brûlures d’estomac, la perte d’appétit, la diarrhée et la constipation sont plus fréquents.
Bien sûr, le bruit du trafic urbain provoque aussi des problèmes de sommeil et des insomnies. Certaines études l’ont également prouvé. Le fait de ne pas dormir correctement, tant en quantité qu’en qualité, a ses conséquences : mauvaise humeur, fatigue, maux de tête, manque de désir sexuel.
Les contractures et les douleurs musculaires apparaissent également en raison de l’état de tension avec lequel le corps réagit aux situations bruyantes, même si la personne n’en est pas consciente.
Régime alimentaire contre le bruit
Les experts de l’EEA appellent depuis longtemps les autorités à prendre des mesures plus fortes et plus efficaces pour réduire la pollution sonore. Ils recommandent à la population une série de mesures préventives, qu’ils appellent le régime antibruit et qui peuvent être résumées en une série de conseils :
- Réduire le bruit que nous produisons tant pour notre propre bien-être que pour celui les autres.
- Acquérir, si possible, des appareils silencieux.
- Réduire la vitesse au maximum lors de la conduite en milieu urbain.
- Baisser le volume et le temps d’écoute de la musique en utilisant notamment des écouteurs.
- Éviter les bruits impulsifs tels que les explosions ou les coups de feu.
- Se tenir à l’écart des sources de bruit, comme les haut-parleurs lors de concerts ou dans les boîtes de nuit