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Le café et la grossesse : une relation controversée et dangereuse

Un nouvel examen des études indiquerait que la caféine est nocive pour le fœtus même en faible quantité.

La relation entre la consommation de café et la grossesse est une question souvent controversée. Bien qu’il existe des recommandations précises de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de la plupart des agences les plus prestigieuses dans ce domaine, il arrive de temps en temps qu’une nouvelle étude soit publiée qui remet en question ces conseils.

C’est ce qui vient de se passer. Un article publié fin août par des chercheurs de l’université de Reykjavik, en Islande, souligne qu’il n’existe pas de dose quotidienne maximale de caféine qui soit sans danger pour les femmes enceintes et les femmes en quête de grossesse. Pour eux, l’indication serait donc d’éviter complètement la consommation de café.

Fausse couche, mort fœtale, faible poids à la naissance, petite taille pour l’âge gestationnel et leucémie infantile aiguë : tels sont les problèmes les plus souvent associés à la consommation de café pendant la grossesse, même en petites quantités. C’est ce qu’indique cette méta-analyse publiée dans la revue spécialisée BMJ Evidence-Based Medicine.

La réaction immédiate de la communauté scientifique a été de faire preuve de prudence. Bien que les recherches de James s’appuient sur 42 études réalisées au cours des deux dernières décennies, de nombreuses publications ont été consacrées à cette question ces dernières années, avec des résultats souvent contradictoires. C’est pourquoi les experts évitent généralement – du moins pour l’instant – une recommandation aussi forte que l’éradication du café chez les femmes enceintes.

Ne pas pour éviter complètement le café, mais pour en boire peu

L’OMS et d’autres organismes conseillent de limiter la consommation de caféine pendant la grossesse. Une consommation excessive, explique-t-elle, « peut être associée à un retard de croissance, à une réduction du poids à la naissance, à un accouchement prématuré ou à un décès intra-utérin. En conséquence, elle appelle les femmes enceintes à réduire leur consommation « avec un apport quotidien important » : plus de 300 milligrammes (mg) par jour.

L’une des études les plus appréciées sur ce sujet, citée comme source par l’OMS, est une revue publiée en 2015 par des scientifiques de l’Université de Colombie britannique, au Canada. Cette étude n’a trouvé qu’un seul travail suffisamment rigoureux sur le sujet, qui montre une association possible entre un faible poids à la naissance et une éventuelle naissance prématurée et une consommation élevée de café. Elle a ajouté que des recherches supplémentaires étaient clairement nécessaires pour confirmer cette relation possible.

« L’American College of Obstetricians and Gynecologists », pour sa part, affirme qu’une consommation modérée de caféine – moins de 200 mg par jour – « ne semble pas être un facteur de risque significatif de fausse couche ou de naissance prématurée. Mais il note que la relation possible entre la consommation de caféine et les difficultés de croissance du bébé n’a pas été déterminée avec précision. Ce point de vue a été formulé il y a une décennie et réaffirmé en 2018.

Le surpoids chez les enfants, un autre risque possible du café pendant la grossesse

Toujours en 2018, un nouvel article a été publié, préparé par des scientifiques norvégiens et basé sur les données de près de 51 000 bébés et de leurs mères. Il a expliqué que la consommation de café pendant la grossesse pouvait avoir une conséquence négative jusqu’alors inconnue : le surpoids chez les enfants. Selon leurs conclusions, les enfants exposés pendant la grossesse à de grandes quantités de caféine (plus de 300 mg par jour) à l’âge de huit ans pesaient, en moyenne, près d’un demi-kilo de plus que ceux qui n’avaient pas été exposés.

De plus, l’exposition à un niveau quelconque de caféine indiquait que les jeunes enfants étaient plus susceptibles d’être en surpoids à l’âge de 3 à 5 ans. Pour cette raison, les auteurs de l’étude ont suggéré qu’il « pourrait être conseillé » d’éviter complètement le café et les autres produits qui contiennent de la caféine dans leur composition.

Cependant, l’une des plus grandes faiblesses de ces études est qu’elles sont toutes fondées sur l’observation : elles comparent la consommation de café – ou d’autres produits contenant de la caféine – pendant la gestation avec le développement de ces grossesses ou de ces enfants. Ce qui ressort de ces comparaisons, ce sont des données statistiques, mais en aucun cas des relations de cause à effet. C’est-à-dire qu’aucune d’entre elles n’a prouvé que la caféine est la cause directe de la surcharge pondérale, du faible poids à la naissance, du risque de naissance prématurée ou de tout autre problème déjà mentionné.

Ce que l’on sait, en tout cas, c’est que la caféine a la capacité de passer à travers les tissus du corps humain, y compris ceux du placenta, à grande vitesse, et que pendant la grossesse, l’organisme met plus de temps à éliminer cette substance. D’où les recommandations de limiter sa consommation, en attendant des données pour corroborer ou rectifier ce qui est connu jusqu’à présent.

Quelle est la quantité maximale de caféine suggérée ?

Si l’on considère qu’une tasse de café a une capacité d’environ 50 millilitres, il suffit de boire une tasse et demie d’expresso pour ingérer 200 mg de caféine, le maximum recommandé par les spécialistes pour chaque jour. Dans le cas d’autres types de café, comme le café instantané, il faut environ cinq tasses pour atteindre cette quantité.

Le « déca » contient un peu de caféine, mais très peu : il faudrait une centaine de tasses pour obtenir un résultat similaire. Ces données proviennent d’un article du « Journal of Food Science ». Bien sûr, le café n’est pas le seul produit qui contient de la caféine. Les boissons au cola contiennent également de la caféine.

Pour boire 200 mg de caféine, il faut boire environ deux litres de ces boissons. Le fait est que si une femme enceinte boit autant, le problème ne sera pas tant la caféine que la forte teneur en sucre que comportent ces boissons gazeuses. Il faut également faire attention au thé et aux autres infusions, qui contiennent des quantités de caféine moins importantes.

En moyenne, deux tasses (plus grandes que le café : environ 200 millilitres) suffisent également pour atteindre le maximum recommandé de 200 mg. Ces infusions contiennent du maté, ce qui peut être plus risqué. Comme elles ne sont pas bu dans une tasse, il n’est pas si facile de savoir quelle quantité a été ingurgitée.