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Qu’est-ce que le « fidgeting » et les curieux avantages d’être inquiet?

Certaines personnes sont naturellement agitées. Elles ne peuvent s'empêcher de bouger leurs jambes ou de jouer avec tous les objets qui leur tombent sous la main : stylos, bagues, leurs propres cheveux, leurs vêtements, etc. Dans notre langage, cette activité n’a pas de nom spécifique ; en anglais, on l’appelle « fidgeting » ou la « bougeotte » de certains membres.

Ces mouvements semblent n’avoir d’autre but que d’exprimer l’agitation ou de soulager, chez certaines personnes, des situations de tension, de nervosité, d’ennui ou de frustration. Il est également fréquent chez les personnes souffrant de troubles de l’attention avec hyperactivité (TDAH).

Cependant, les recherches menées ces dernières années ont montré que le « fidgeting » offre un certain nombre d’avantages surprenants, tant psychologiques que physiques. Il convient de prêter attention à ce phénomène afin d’essayer d’en tirer le meilleur parti.

Ce que l’esprit fait quand le corps bouge

Sur le plan psychologique, on pense que ces mouvements corporels sont associés à une meilleure rétention des informations. Dans une expérience, des scientifiques canadiens ont demandé à un groupe de personnes de regarder la vidéo d’une conférence de 40 minutes.

Au fil du temps, les résultats ont été conformes aux attentes : la capacité d’attention des participants a diminué et leur agitation a augmenté. En outre, la relation entre le « fidgeting » et la rétention d’informations était « significative », selon les chercheurs.

Cela les a amenés à conclure que le « fidgeting » exerce une contribution unique à la rétention de la matière » du cours. Cela serait également lié à un autre fait curieux : dessiner des gribouillages permet de mieux se souvenir de ce que l’on entend pendant un cours ou une conversation téléphonique.

C’est le résultat d’un test effectué il y a plus de dix ans au Royaume-Uni. Selon des travaux antérieurs, les personnes qui ont tendance à s’agiter sont aussi plus sujettes à la distraction et à l’errance, ce qui entraîne souvent de moins bonnes performances scolaires et professionnelles.

Le « fidgeting » serait donc une sorte d’antidote à cette dispersion : un stimulus physique pour que l’esprit se souvienne de se concentrer sur ce qu’il fait afin qu’il puisse consacrer l’effort et l’énergie nécessaires à la tâche à accomplir.

Avantages physiques du « fidgeting »

Les avantages physiologiques du « fidgeting » semblent toutefois être encore plus importants que les avantages psychologiques. Ces mouvements involontaires et inconscients pourraient être un moyen pour le corps de contrôler, entre autres, son poids.

Dans le cadre d’une étude, des experts d’une clinique aux États-Unis, ont demandé à 16 personnes non obèses d’inclure 1 000 kilocalories (kcal) supplémentaires dans leur alimentation quotidienne.

Au bout de huit semaines, les participants avaient pris de la graisse et donc du poids, mais pas autant que les chercheurs l’avaient supposé au préalable.

Quelle en était la raison ? En grande partie parce que ces personnes ont augmenté leur agitation. C’est comme si le corps comprenait qu’il absorbe trop de calories et prenait des mesures « de lui-même » pour combattre cet excès.

Il s’agit d’un système appelé « adipostat » par lequel (de la même manière qu’un thermostat essaie de maintenir la température stable dans un environnement donné) le corps essaie de maintenir son poids à des niveaux appropriés.

Si les calories sont réduites, l’adipostat amène le corps à réduire la dépense énergétique ; si les calories sont augmentées, il cherche l’inverse : augmenter la dépense. C’est à ça que servent les mouvements involontaires.

Ces mouvements, ainsi que le maintien d’une certaine posture corporelle et d’autres actions de la vie quotidienne, donnent lieu à ce que l’on appelle la thermogenèse des activités non sportives (NEAT). Il s’agit de la consommation de calories sans pratiquer délibérément un sport ou un exercice physique.

Selon les chercheurs, les deux tiers de la dépense énergétique supplémentaire des participants à l’étude étaient dus aux NEAT. C’est curieux car le bon sens semble suggérer que des mouvements aussi petits ne peuvent pas consommer trop d’énergie.

Cependant, une autre étude menée par la même équipe de chercheurs a révélé que, lors de la pratique du « fidgeting », la dépense calorique a augmenté de 29 % à 38 %, selon que la personne est assise ou debout (par rapport à ce qu’elle dépense lorsqu’elle est au repos et immobile).

Les NEAT peuvent représenter un investissement de 100 à 800 calories par jour. Ce chiffre est similaire, et même supérieur, à celui que de nombreuses personnes « brûlent » au cours de diverses séances d’entraînement.

Comment encourager le « fidgeting » et autres petits mouvements du corps ?

Toutes ces données nous amènent à porter un regard différent sur une pratique qui semble au mieux inutile, quand elle ne génère pas de la gêne et de l’inconfort pour l’entourage de la personne qui ne s’arrête pas de bouger.

La mauvaise nouvelle, c’est que le « fidgeting », comme nous l’avons déjà dit, est une activité involontaire et inconsciente, et ce parce qu’elle dépend, dans une large mesure, à de facteurs génétiques.

Cependant, des mesures peuvent être prises pour favoriser la thermogenèse par une activité sans exercice. Cela peut être très utile, notamment pour les personnes dont les habitudes ou le travail les amènent à passer beaucoup de temps assis.

La sédentarité est un facteur de risque majeur pour de multiples problèmes. Une analyse des données de 12 778 femmes au Royaume-Uni publiée en 2016, a révélé que le « fidgeting » réduisait les taux de mortalité toutes causes confondues associés à une position assise prolongée.

L’une des mesures simples à prendre est de travailler debout. Une revue d’études a révélé, en 2018, que le simple fait de se tenir dans cette position entraîne une dépense énergétique de 9 calories supplémentaires pour chaque heure.

Pour une personne pesant 65 kilos, rester debout (plutôt qu’assise) six heures par jour pendant un an se traduirait par un contenu énergétique d’environ deux kilos et demi de masse grasse corporelle.

En outre, le travail en position debout contribue à des changements de posture plus fréquents, ce qui augmente également la dépense énergétique. Il convient toutefois de garder à l’esprit que la station debout prolongée comporte également certains risques, tels qu’une éventuelle surcharge musculaire et d’autres blessures importantes.

Il est donc conseillé d’alterner les périodes de station debout avec des périodes de station assise. Ce dernier point ne signifie évidemment pas que les mouvements disparaissent. Vous pouvez utiliser des balles anti-stress ou simplement bouger vos jambes.

Une étude de 2016 a révélé que de petits mouvements des jambes en position assise peuvent prévenir le dysfonctionnement endothélial des jambes (qui est lui-même causé par une position assise prolongée).

Même quelque chose d’aussi simple que de contracter les muscles avec une certaine fréquence contribue également à la dépense d’énergie et prévient également la sensation d’engourdissement qui survient après une position assise prolongée.